Les étonnants bienfaits du yoga sur les enfants hyperactifs
Une instructrice genevoise explique comment elle aide les petits souffrant d’un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité.
Faire des bulles de savon pour travailler sa respiration… «Nous parlons plutôt de souffle avec les enfants», corrige Laetitia Cudini. Cette spécialiste de la petite enfance et instructrice de yoga parcourt les crèches genevoises depuis cinq ans. Son but? Apprendre aux enfants à prendre conscience de leur corps, de leur souffle. Car le yoga, ce n’est pas réservé aux adultes. Au début du mois, comme pour venir confirmer cette nouvelle tendance, une étude publiée dans la revue scientifique «Biological Psychiatry» qui fait autorité dans le domaine des neurosciences psychiatriques, indique même que le yoga pourrait aider les enfants souffrant de trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). «Cela ne m’étonne pas, je vois un réel changement chez ceux que je suis: ils s’apaisent», relève Laetitia Cudini qui travaille principalement avec des enfants en bas âge. «Dès qu’ils ont deux ou trois ans, il est possible d’instaurer une petite routine.»
Dans les crèches, les besoins spécifiques. Certains souffrent de trouble de l’attention, d’hyperactivité ou d’autres de trouble autistique plus lourd. «Avec eux, les temps de séances sont réduits et les groupes de maximum cinq participants pour qu’ils se sentent sécurisés.» Le challenge? Garder l’attention des petits. Pour le faire, Laetitia Cudini utilise des outils ludiques: bulles de savons pour travailler le souffle, mais aussi des sabliers sensoriels colorés qui attirent l’œil permettant ainsi aux enfants de se concentrer et des positions qui rappellent des animaux pour se détendre.
Respirer par le ventre
Le TDAH est un véritable handicap dans la vie scolaire et sociale. Beaucoup d’enfants concernés ne sont pas diagnostiqués, ne sont pas éligibles aux traitements médicamenteux ou n’y répondent pas. Le yoga, est-il vraiment une bonne alternative? C’est en tout cas ce que semble confirmer la récente étude de l’Université fédérale de l’Oural, en Russie.
Pendant 3 mois, à coup de trois séances par semaine, 16 enfants, âgés de 6 à 7 ans, atteints de TDAH ont pratiqué des exercices de respirations et des techniques corporelles s’apparentant au yoga. Résultat? «L’exercice de respiration était basé sur le développement de la respiration profonde rythmée par le diaphragme. Elle permet de mieux alimenter le cerveau en oxygène et aide la formation réticulée à assumer son rôle. Lorsque la formation réticulée reçoit suffisamment d’oxygène, elle commence à mieux réguler l’état d’activité de l’enfant», détaillent les scientifiques. Les résultats pour les jeunes sujets seraient d’ailleurs effectifs plus d’un an après l’arrêt de la pratique puisque la technique de respiration deviendrait pour eux une nouvelle habitude.
Plus de 5% des enfants concernés
En Suisse, près de 5% des enfants et 3% des adultes seraient atteints de troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Ce trouble qui se caractérise principalement par une distraction et/ou une activité excessive, peut devenir un réel handicap lorsque se présente, souvent à l’école, le moment de se concentrer. Les causes biologiques du TDAH ne sont pas encore très claires, mais il serait attribué à un dysfonctionnement des structures intégrant les informations provenant de différentes régions du cerveau, notamment celle de la formation réticulée, qui s’occupe de réguler l’activité cérébrale.
Camille Pagella
Publié le 5 juin 2021, 10:00